Il paraît que seule la victoire est belle. Les 2009 du TUC ne peuvent que souscrire à cette affirmation, eux qui n’avaient pas gagné un match depuis le début de l’année, ni même marqué un seul essai. Le samedi 29 janvier 2021, ils sont enfin sortis du terrain victorieux. Pour d’autres équipes, le plus souvent, une victoire est une victoire. Seul le résultat compte ; peu importe la manière. Mais pour ces jeunes Tucistes, cette victoire obtenue, contre l’équipe de Masseube, complétée par des joueurs du FCTT, dépasse le seul cadre de la rencontre.
Ce samedi, les joueurs du TUC ont pu constater que la victoire aime l’effort. Sans intensité, pas de victoire et la réussite s’en éloigne. Si, pour un enfant, un instant de patience est déjà une victoire, les 2009 ont attendu la fin du mois de janvier pour enfin franchir victorieusement la ligne d’en-but, goûter à l’ivresse de revenir dans son camp avec le sentiment du devoir accompli, lever les bras au ciel à la fin de la rencontre puis fredonner à tue-tête le chant des vainqueurs. Cette victoire a été difficile. Mais nul combat ne vaut l’effort si la victoire est acquise à l’avance. Elle aurait pu leur échapper à la fin du match. La réussite leur a enfin souri. Elle récompense tous ces entrainements où les joueurs sont restés sérieux, à l’écoute de leurs éducateurs.
A la fin du match, un joueur de l’équipe adverse s’est interrogé pour savoir si les 2009 pensaient avoir gagner la coupe du monde. Il avait raison. Cette rencontre n’était qu’un plateau de U14, catégorie C, regroupant des équipes de la Haute-Garonne et du Gers. Mais l’expérience de la vie lui apprendra qu’un vainqueur n’a pas besoin d’être un champion pour être heureux. Il lui suffit d’aller d’un point A vers un point B qui lui semblait inaccessible. Plus que sur le terrain, cette victoire des U14 1ere année est avant tout une victoire des enfants sur eux-mêmes et c’est surement la plus grande des victoires.
Une autre victoire pour les éducateurs est l’intégration d’un nouveau joueur : Rayan. Rayan est arrivé il y trois semaines à l’initiative de l’association Rebonds dont l’objet est d’utiliser le sport, notamment le rugby, comme outil d’éducation et d’insertion sociale. Rayan a réalisé avec nous 4 à 5 entrainements et immédiatement les joueurs du TUC l’ont accueilli comme l’un des leurs. Ce samedi, Rayan a joué son premier match et il a apporté sa fougue, son plaisir de plaquer et de porter le maillot blanc de sa nouvelle équipe.
En ramenant Ryan à la porte de son immeuble, alors que nous échangions, dans la voiture, des silences complices, un autre éducateur lui aurait répété, à l’envi, ces différents messages : « il faut persévérer ; rien n’est jamais arrivé ; demain sera un autre jour ». Je n’en ai pas eu la force. Ce n’était pas le jour, ce n’était pas le moment. En descendant de la voiture, Rayan m’a murmuré : « A lundi ». Je lui ai répondu sur le même ton : « A lundi », ne sachant pas qui de nous deux étaient le plus fiers de prononcer cette promesse de prise de rendez-vous pour un nouvel entrainement. Se battre pour une cause juste est aussi une victoire.
Pierre